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Entropie générale
30 janvier 2006

En vrac et comme ça vient (suite)

Origine de la fin : -Le péché originel, pour le nommer, n'est autre que la conquête de la liberté de l'homme, son arrachement à la sphère de l'éternel, et le début de la mort du dieu. La transgression de la perfection est ce qui voue le dieu à la mort, à la disparition absolue. -Quand il n'y a plus qu'un seul dieu comme origine et principe de tout ce qui est, c'est comme s'il n'y en avait déjà plus aucun. Le chemin de l'Un est aussi celui de Sa disparition. -L'invention de la trinité par les chrétiens est une tentative pour lui redonner à la fois corps et présence. Athéisme : -La séparation qu'opère le monothéisme est d'emblée irrécupérable : le dieu du monothéisme est un dieu séparé et ne peut être que cela. -Le monothéisme n'est possible que s'il y a séparation, ce qui en fait déjà un athéisme, un athéisme encore occupé de dieu, habité par lui, mais dans une distance qui l'engage sur la voie de sa propre disparition. Le dieu n'annonce pas tant sa venue, ou son retour, que sa disparition sans fin. Le fruit défendu : -Le fruit défendu. Quel est le mot utilisé dans le texte original pour défendu ? En français, on peut l'entendre de deux façons : ce qui est interdit, ou refusé, et ce qui est protégé. Pourquoi serait-il protégé ? Parce qu'il engage celui qui le mange sur une voie qui l'éloigne sans cesse plus du dieu. Il n'est pas seulement celui de la connaissance du Bien et du Mal, mais aussi celui de l'annonce de la mort du dieu. Protéger ce fruit, c'est, pour le dieu, se protéger lui-même. En même temps, cette protection est ce qui en permet la transgression et offre au dieu la possibilité de sa mort enfin. Ainsi, dès le début, le monothéisme inscrit et annonce sa fin. Imperfections : -La perfection de la création n'est pas complète, elle comporte d'emblée une double faille. La première est externe, c'est le serpent, le négateur, le tentateur, une créature négative qui empêche la clôture de l'Eden sur lui-même. La seconde est interne, elle appartient à l'homme, c'est la possibilité de dire oui à la négation, d'en être atteint, imperfection qui répond à la première, et même l'accueille. -Cette double imperfection et du monde et de l'homme est la condition de possibilité du temps de l'histoire et ouvre le sujet à la conscience de soi et de sa principielle liberté. Certitude : -Le monde est là, je suis dedans. Tout ce que j'en connais occupe l'espace de mon corps. Ni plus, ni moins. Il y fait nuit, même en plein jour. N'est sûr que l'obstacle, n'est sûre que la question. -Toute certitude n'est que question. Question qui s'exclame comme pour nier la nuit qui l'habite. Elle affirme sans réplique parce qu'elle ne sait pas. Mieux : qu'elle ne sait pas. Ce qui s'affirme dans la certitude est non-savoir. -La certitude est non-savoir, elle est hantée par le doute mais elle en fait la force de son affirmation. Le doute confirme la certitude comme question affirmative. -Elle n'est pas non plus ignorance, juste l'impossibilité de trancher entre les deux. Ce qui s'affirme dans la certitude est une question que le sujet ne peut accepter comme telle. La certitude protège de la question parce qu'elle est la question. La fin : -Quand ça commence, il n'y a rien. Après, pas beaucoup plus, mais il est possible de dire : "au moins, là, il y a quelque chose". -Il y a quelque chose au moins. Quelque chose qui est comme un moins. Ou tendu, orienté vers le moins ? Ce qui apparaît entre d'emblée dans le mouvement de sa disparition. La fin est l'orientation, il n'y en a pas d'autres. -"Il faut en finir", ne relève pas de la nécessité, mais simplement de l'impossibilité de pouvoir faire autrement. La fin est à la fois certaine et insue. Mythe : -Tout mythe n'est que le récit d'un échec nécessaire. -Il a fallu commencer par perdre pour que le monde advienne. Là est toute la force du négatif, il relance et rejoue le possible, il force ce qui n'appartient pas au temps -l'origine- à y entrer. -L'origine se raconte en se niant, puisque le récit l'inscrit dans une temporalité dont elle-même est totalement dépourvue. Autobiographie : -L'autobiographie est une mise à nu du sujet. Ce qui se montre dans cet acte, c'est le geste par lequel on y parvient. -Se mettre à nu, c'est enlever un à un tout ce derrière quoi le sujet se cache, essayer d'énoncer une vérité de soi. C'est un geste de dévoilement qui se signifie, car tous les écrans que l'on ôte constituent quelque chose de cette vérité qui s'expose. -Ce qui importe ce n'est pas d'être nu, c'est donc le geste par lequel on y parvient. Une fois nu, le mouvement s'achève, et cette nudité maintenant atteinte n'a de sens que par le processus qui y aboutit. Ainsi, ce qui importe dans le se mettre à nu, c'est le verbe, l'action, le à nu en est l'orientation, il installe une tension qui oriente la psyché et en organise la mémoire. Ça commence : -Ça commence. Il ne sait pas ce que c'est que ce ça qui commence, mais, bon, ça commence. Comment, de quelle manière, il ne sait pas, seulement ça, ça commence. Enfin, ça commence, c'est beaucoup dire, peut-être -ici- quelque chose comme un début, pas vraiment un commencement, juste un début, pour pouvoir dire Voilà, ça commence, quoi, comment, de quelle manière,nul ne le sait, mais bon, on dit, Ça commence, mais ce n’est qu’un début. -Quand ça commence, il n’est pas de témoin pour l’attester, ne demeure que le témoignage d’une expérience que personne n’a faite. Le commencement témoigne de l’absence du témoin. Bruissement infiniment lointain au plus proche de je, juste avant que je, l’accueillant, le nommant, le formant, un rien plein de la possibilité d’un je. Le rien des choses : -Le commencement est comme rien, de ce rien dont s’autorise toute chose, il ne peut être dit, mais il forme récit, il laisse des traces, des signe, des indices, ça s'organise et s'articule pour former quelque chose comme je. -Entendre le récit de ce qui commence, c’est entrer dans le silence compact du réel. L’insu donne sol que parcourt je, s’y égare, s’y perd, et s’y invente un nom pour refuge -refuge ne protègeant de rien, protègeant du rien-, et abandonne je à la possibilité d’un corps. L’insu est dans le corps ce nom qui cligne et qui dit je. -je est toujours déjà pris dans ce mouvement qui fait que ça commence et que ça n’en finit pas de commencer.
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