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Entropie générale
2 février 2006

En vrac et comme ça vient (suite 3)

Bruit blanc : -La fatigue. Elle laisse Ombre dans un état second. Les idées y sont flottantes, évanescentes, ce n'est plus une crispation du cerveau qui bloque la pensée, mais le sentiment qu'elle se tient là en une attente vague. La fatigue semble rendre la pensée accessible, atteignable, dans un mouvement de dérive sans sujet -ni objet. Elle est un vide présent où bruit du sens comme un bruit blanc, rien ne s'y énonce ni ne se prononce, juste un murmure abrasif qui envahit tout. -Ombre observe ce qui se passe et ce qu'il y a avec une infini passivité. L'inertie des pierres : -Ombre s'ennuie. Ici, ça, ce qu'il fait, ça l'ennuie. Il va arrêter. Retrouver son immobilité première -l'inertie des pierres. Alors, il écrit. Comme ça, ça continue, il arrête, mais comme ça ça continue. Une ligne et une autre, et là ça continue. Il écrit sans écrire. Il trace juste un mot après l'autre. Lentement. Doucement. Parfois ça fait sens, un mot après l'autre, et paf!, là !, du sens. Quelque chose se forme qui pourrait être du sens. Mais c'est un ressassement sans fin, rien ne s'entend, de ce qui se dit -cherche à se dire- rien. Ça parle sans conséquence. Il n'entend pas la parole, seulement la langue qui parle sans lui, une parole dépeuplées de tous. Fiction de vie : -Se raconter est impossible. Tout récit met en mouvement une fiction. Le sujet qui se raconte ne peut le faire qu'à travers ce filtre. Raconter, c'est représenter, mettre en scène -s'éloigner de soi. L'autobiographie agence des éléments de vie choisis (consciement ou inconsciement), c'est un récit troué, lacunaire, fait de manque et d'oubli, et c'est cela qui dessine la fiction d'un vie : la vie se fictionne dans et par le récit. C'est un mensonge nécessaire qui pourtant dit la vérité -ou, à tout le moins, dit quelque chose de la vérité. Eclipse : -Se raconter imagine le sujet comme totalité même s'il se situe dans un irréductible débord de lui-même. Et c'est sans doute ce débord qui laisse sa signature dans l'écart d'une vie à son récit. Le sujet ne peut se montrer qu'en creux, ou se dire de façon négative, il n'est pas de possibilité direct de se raconter. Ce qui se dit de soi se fait dans le vacillement insasissable du nom. Le sujet s'y montre et se dérobe dans la même temps. -Aussi crû soit le texte, aussi direct ou objectif, le sujet ne se montre que là où il fait faille -ou faillit. Le récit construit un sujet à éclipse où il luit plus sombrement dans la nuit du texte. Fond commun : -Se raconter est impossible, mais se dire, c'est pire. Dans le premier cas, malgré tout, le sujet s'y montre -un peu, un instant- et s'y dé-montre dans le même mouvement. Mais se dire, là est l'impossibilité majeure. Parce que la langue. L'épreuve de la langue est celle de l'inadéquation de celle-ci à l'expression d'un je. -Parce que le sujet advient dans -et avec- la langue, elle est le lieu commun de chacun où nul ne peut y avoir un nom, y faire entendre son nom. La langue est im-personnelle. Cependant, son usage par chacun est singulier -et ces singularités ne peuvent s'entendre que si elles font rupture avec (et dans et sur) ce fond commun inappropriable. Schize : -Se dire, c'est inscrire une séparation, celle du sujet avec la communauté, celle du nom à l'intérieur même du lieu de son anonymat. De plus, se dire trace une schize, une coupure de sujet à lui-même, de son caractère singulier d'avec son caractère commun -voire quelconque. Ressemblance : -Peut-on envisager un absolument autre ne devant rien au même, qui serait pur non-rapport ou pure dissemblance ? Même le dieu, le tout autre par excellence (l'infiniment séparé), est pris dans un rapport de ressemblance si l'on admet que l'homme en serait l'image (cf la génèse : "Dieu fit l'homme à son image et à sa ressamblance"). Sujet commun : -Le singulier ne s'autorise que du commun, il n'y a de je possible que s'il y a communauté -ou quelque chose comme une communauté- fut-elle à venir. Mais c'est là son mouvement, la communauté est cette événement toujours en différance. Si ce mouvement se maintient, alors le je aussi, il se nourrit de cette possibilité du commun, de faire commun. -Si le je se construit en rupture avec tout commun, il devient pur égo uniquement préoccupé de lui-même. Amitié : -Toute la différence -et même l'opposition- entre individualisme et égoïsme se joue là : l'individu est un je en relation avec un nous, dans le temps même où ce nous est la condition de possibilité d'un je. Il n'est d'individu que s'il est une communauté pour l'accueillir, là est le je de l'individu, sa possibilité de faire sujet. -À l'inverse, l'égoïsme est un je qui nie le nous, qui ne le reconnaît pas sauf dans la mesure où il lui est utile. Le je de l'individu est un je relié quand celui de l'égoïste est dé-lié. Ainsi, il n'y a d'individu que s'il y a lien -lien que l'on doit pouvoir nommer : amitié. Je sans nous : -Individualisme et égoïsme s'excluent l'un l'autre, l'individualisme n'est en rien une forme de l'égoïsme, leurs configurations narcissiques respectives sont incompatibles. Dans le premier cas, le je se reconnaît dans un nous où il trouve sa source et son espace, le je se déploie en amitié avec un nous. Dans le deuxième cas, si je émerge bien lui aussi d'un nous il le fait en l'occultant, en le niant, et s'affirme lui-même en une pure tautologie (je est je) et comme sa propre origine.
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