23 septembre 2006
Le Lynx dans le texte -2
III
de sa main
avec sa main
l'animal-de-l'homme creuse
les matières cernantes du corps
s'éprouve de sa résistance
travaille pétrit forme déforme
fabrique l'objet de l'objet
un écran d'outils double le monde
l'oriente à sa loi
reprend la nature de sa loi
il y a un temps maintenant
de matières œuvrées
et les mots les paroles les langues
arpentent l'espace de l'outil à la main
une mémoire s'invente
elle-même dans le faire s'invente
comme dérivant du corps
d'emblée inscrite au dehors
d'emblée prononcée du dehors
une mémoire technique solide matérielle
non-biologique
d'où se met en mouvement
l'effondement nécessaire des ères
IV
une chose la main la saisie
-une chose avant même qu'objet-
éprouve sa résistance
comme physique du possible
risque sa résistance
en des gestes répétés
qu'inclinent la matière
la nature s'écrit monde
droit devant à l'outil ajustée
elle se renomme sans fin
du dehors ici-bas
le temps ne lui appartient plus seulement
elle est maintenant aussi affrontée
à l'immanence des techniques
V
une aube crépusculaire
éclaire un avant-temps
qui n'est pas en principe
ni ne fonde rien
elle révèle juste le périmètre
d'un dehors inassignable
et pourtant ici-bas
une langue flue des matières œuvrées
une langue appelant de petits bruits d'outils
appelant doucement pour ne pas inquiéter
une distribution seulement physique des choses
là se prononce des mots encore à venir
choc contre la pierre ou le bois
des souffles reprennent les sons en noms
ça vibre jusqu'à se dire
jusqu'à ce qu'un chant horizontal
prolonge la nature en monde
du sens arpente le temps de la fabrication
et des noms peuplent lentement
l'espace ouvert des ères indécises
VI
souci immédiat de la main
à la résistance des matières
l'outil s'y invente
la puissance des choses
monte à la surface des gestes
c'est que l'animal-de-l'homme
s'écarte de la nature pour le monde
séparation technique de l'origine
s'isole un temps-moins-que-zéro
d'où sourd un récit
d'un fondement déjà défait
VII
quelque chose à nouveau commence
en la nuit permanente
peu éclairée de feux inquiets
l'animal-de-l'homme trace
à l'opportunité des parois
les figures d'un monde
déjà vivant
au bord du temps-moins-que-zéro
un monde commence encore
au lieu-même des images
que le vide d'un avant-temps
déplie indéfiniment
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