Jour n'allant pas seul 247

03-09-2012

…d'abord, il ne voulait pas le tuer. Ça n'était pas de son fait. Bon, si, d'accord, c'est bien lui qui l'avait fait, mais contre sa volonté. Précisons qu'il n'en avait pas beaucoup, de la volonté, il trouvait cela fatigant. En même temps, il ne savait pas trop ce que ça voulait dire. Un mot, dans son vocabulaire, au sens peu certain. Il en avait plein d'autres comme ça. Presque tous à dire vrai. Quoi qu'il en soit, là, il était confronté à un problème dont il allait avoir du mal à se dépatouiller. Comme d'habitude d'ailleurs, mais les conséquences risquaient cette fois d'être assez sérieuses. Plus que sérieuses. Il ne comprenait pas comment ça avait pu arriver. Encore moins pourquoi. Il ne le connaissait même pas ce mec. Enfin, ce n'était pas tout à fait exact. Il le croisait de temps à autre, ils habitaient le même quartier. Et c'est tout. Ok, sa tête ne lui revenait pas. Sans raison, comme ça, c'était physique. Ce qui ne justifie rien. On ne tue pas quelqu'un parce que sa tête ne vous revient pas. De plus, si ça se trouve, il était sympa ce type. Rien à voir avec sa tête. Trop tard pour le savoir. Maintenant, il est mort. La poisse. Et ça, il le comprend, la mort, il comprend. Il faut dire que ce n'est pas très compliqué. Encore que jusqu'à présent, ça restait un peu abstrait pour lui. Mais alors là, pfuit, fini l'abstraction. Un cadavre, rien de plus concret. Là, il y a un corps. Avant c'était une ombre, maintenant c'est un corps. D'un coup, comme ça, un corps. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir en faire ? Lui même n'a jamais été très sûr d'en avoir un. Et ça lui fait tout drôle. C'est celui d'un autre qui gît par terre, et c'est le sien propre qui lui revient. En même temps que le corps du mort, le sien propre. De façon abrupte, il découvre qu'il est pris dans un corps : le sien. Y'a vraiment un truc qui ne tourne pas rond chez lui. Buter un quasi inconnu pour se rendre compte que l'on a un corps, c'est un peu extrême quand même. Encore une fois, il n'a pas voulu ça. Ça lui a échappé. Comme tout. Tout lui a toujours échappé. Or là, plus rien ne fuit, c'est irrémédiablement là. Et ça n'a pas fini de l'être…