Jour n'allant pas seul 248

04-09-2012

…il avait fait le tour des quelques connaissances qu'il avait, à chacun avait posé la même question : son nom. Il s'était réveillé le matin avec ce trou dans sa mémoire. Tous lui avaient fait la même réponse, mais il savait bien que ce n'était pas ça : ils lui mentaient, il n'y avait pas d'autre explication possible. Il aurait été bien en peine d'expliquer pourquoi, mais c'était pour lui un fait. Ni plus, ni moins. Et sans aller jusqu'à parler de complot, il y avait manifestement une entente. Son raisonnement était celui-ci :  si ce qu'ils lui disaient être son nom l'était vraiment, il l'aurait reconnu de suite, aucun doute là-dessus. À la place, rien. Bien sûr, avant d'interroger son entourage sur cette question, il avait examiné les documents dont il disposait : factures, quittances EDF, carte d'identité, diplôme du baccalauréat, carte bleue, etc. Et il y avait déjà trouvé ce même nom. Ce qui l'avait franchement agacé. Leur réponse n'avait pas arrangé les choses, bien au contraire. Ça n'avait fait qu'accroître son désarroi. Un tel acharnement à occulter son nom ne pouvait signifier qu'une chose : il devait avoir quelque importance. Restait à savoir laquelle. Si tel n'était pas le cas, si son nom était des plus insignifiants – comme celui que tous lui affirmaient être le sien -, tout ce beau petit monde ne perdrait pas son temps à lui raconter des histoires. C'est d'ailleurs l'insignifiance de ce nom soi-disant le sien qui l'avait alerté. Pas besoin de chercher midi à quatorze heure pour comprendre cela. Si ça ne fait pas sens c'est que ça n'en a pas, ce qui pose problème : comment son nom pourrait-il ne pas avoir de sens ? À partir de là, tout le reste en découle…