Jour n'allant pas seul 269
25-09-2012
…c'est une attente, quelque chose se prépare : il attend. Du moins, il se dit que quelque chose se prépare, il ne peut en être autrement, il attend. Il a aiguisé son vocabulaire, peaufiné sa syntaxe, perfectionné sa grammaire. Il est prêt. Pour l'orthographe, il n'est pas très sûr. Pas grave. Si l'événement advient, il pourra en témoigner. En partie du moins. Parce que, faut pas rêver, il y aura des trous, des manques, des omissions, des altérations, des déformations : la langue, ça ne colle jamais. Mais c'est déjà ça. Témoigner, ce n'est pas une mince affaire. C'est à la fois nécessaire et impossible. Nécessaire : nous avons besoin de ce récit pour constituer un savoir sur l'expérience de ce monde dans lequel nous avons à agir. Impossible : la parole ne peut épuiser ce dont elle témoigne, le témoignage est aussi l'expression de l'impuissance de la langue à se saisir de ce qui est advenu – mais cela suffit pour quand même en dire quelque chose de crucial…